Je suis tombée par hasard sur un texte publié par un citoyen de Facebook. Le texte lui-même venait d’un anonyme. Qu’à cela ne tienne, j’ai bien aimé lire ce texte parce qu’il cadre bien avec mon texte que je suis entrain de préparer sur les MMD, aussi j’ai voulu le publier ici en avant-garde.
… Elle reposa doucement la paire de ciseaux, luttant contre l’énorme envie de les lui planter dans une partie très précise de son corps. Il connaissait très bien ses colères, les cicatrices qui constellaient ses bras également. Aussi recula-t-il, se mettant hors de sa portée. Elle sourit. Elle souriait toujours quand il lui montrait sa peur.
– Alors, c’est tout ? Tu ne « veux plus » ?
Il se triturait nerveusement les doigts, tourna soixante dix sept fois sa langue dans sa bouche, cherchant les mots qui pouvaient éviter que les choses dégénèrent. S’il en existait.
Son silence l’énervait. Elle avait de plus en plus de peine à retenir ce besoin de lui faire mal, très mal. Elle pouvait aussi rester calme, pour une fois, le SURPRENDRE, ne pas réagir. Mais alors, elle serait la seule à souffrir, et ça il n’en était pas question. Pas encore. Jamais.
– Je ne peux pas. Je… je suis désolé.
Et il s’habilla du REGARD de ceux qui sont « désolés ». Pour toute réponse, elle s’affala dans le grand fauteuil et partit d’un long rire. C’était un étrange mélange de ricanement et de pleurs. Des pleurs ? Non, elle ne pleurait jamais. A moins que…
– Tu te trompes !
Elle avait crié, faisant saillir une VEINE de son cou. Alors elle lisait aussi dans ses pensées ?
– Tu peux le faire.
Il recula encore, tandis qu’elle se relevait, faisant glisser son foulard de sa tête. Une forêt de cheveux s’en échappa, ébouriffés ou alors très mal coiffés. Elle avança calmement vers lui, lentement. L’air mauvais. Elle avait tout d’une folle furieuse.
– Tu vas le faire… Parce que tu vois, j’en ai par-dessus la tête de rester là à attendre.
– Je ne peux pas divorcer, je ne peux pas la quitter.
Il se foutait le doigt dans l’œil jusqu’aux chevilles s’il pensait qu’il allait s’en tirer aussi facilement. « Je ne peux pas la quitter ». Le grand classique, quoi !
Quand s’était-il laissé embarquer dans ce tourbillon de mensonges ? Tout avait commencé comme un jeu. Chacun savait ce qu’il avait à faire. Il avait cru pouvoir tout arrêter d’un battement de cils. Mais elle avait peu à peu pris possession de lui. Il était devenu sa chose. Elle avait voulu changer les règles, exigeait bien plus qu’un quart d’heure dans les toilettes pour hommes, encore plus qu’une nuit dans une couchette de TRAIN, beaucoup plus qu’un weekend « de travail ». Elle le voulait tout entier !
Alors il lui avait promis. Il allait quitter sa femme. Il l’aimait vraiment. Ce n’était pas un HASARD si, alors qu’il était malheureux en foyer depuis tant d’années, il l’avait rencontré à ce séminaire de formation. Il s’était senti tellement minable face à elle, fuyait ses yeux de biche si jamais ils accrochaient les siens, trouvait des prétextes bidons pour ne pas partager sa table pendant les pause-repas. Il n’avait pas compris qu’elle lui accorde son attention plutôt qu’à ses collègues, lui qui n’était ni beau, ni riche, bien qu’un peu intelligent. Mais c’était bien sa braguette à lui qu’elle avait descendu, alors qu’ils étaient assis côte à côte dans cette salle NOIRE, pendant la projection du documentaire d’instruction, avant d’y glisser sa carte de visite.
Elle. Corps de déesse, sourire d’ange, mais alors ; tempérament de diablesse ! Elle enrageait à la moindre contrariété, pestant, crachant des injures très grossières en sa langue maternelle qu’il ne comprenait même pas, détruisant le mobilier. Elle lui infligeait des violences qu’il n’aurait jamais admises de personne, même pas de sa femme.
Sa femme. Il l’oubliait très vite lorsqu’il était dans ses bras. Sa femme qui se refusait à tout ce à quoi l’autre cédait sans se faire prier. Sa femme qui prenait à peine le temps de se regarder dans le miroir, avouant sa défaite face aux assauts du temps. Sa femme trop grosse, trop fade, trop mal vêtue, trop jamais maquillée, trop jamais coiffée, trop pas sexy du tout, trop odeurs d’épices de cuisine, trop trop ! Même pas assez « elle » !
Il ne l’aimait plus, sa femme, puisque c’était « elle » qu’il aimait. D’ailleurs, sa femme devait bien se douter qu’une autre le rendait bien plus heureux qu’elle n’avait jamais su le faire et il avait décidé de lui en donner CONFIRMATION.
Il rentrait chez lui tous les soirs, bien décidé à TOMBER le masque. Mais à chaque fois, devant sa femme, il ne disait rien. Il répondait à son sourire, prenait place à ses côtés et dégustait son repas si bien épicé. Puis, ils s’installaient devant la télé, s’informaient du mal être du monde, riaient des frasques de tels acteurs d’une série comique. Et enfin, quand ils se retrouvaient dans ce lit « conjugal », tout prêt de ce corps trop gros qui respirait doucement, là seulement, il se disait que, non, il ne pouvait pas divorcer, c’était sa femme. Il ne pouvait pas la quitter.