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Posts Tagged ‘suicide’

Bonjour…

J’ai été bien silencieuse ces derniers temps, vous savez ce que c’est … La vie me prend dans  de ces enchainements !  Malheureusement une journée n’a que 24 heures  et il est difficile d’être partout à la fois.

Ce n’est pas une star de rock, mais quelqu’un  qui  savait  entre autre parler d’amour et d’illusions :  les aventures d’Esse sont sublimes… C’est émouvant. En plus d’amour et d’illusions, il écrit d’autres choses; et ce billet  a retenu mon attention   : Silence, on se tue … Mr West, puisqu’il s’agit de lui m’a émue, une fois de plus (différemment) au point de me faire reprendre la question.

Le père d’une connaissance s’est pendu. Avant de le faire, il a laissé une lettre, disant qu’il préfère mourir au lieu de vivre l’indifférence de ses enfants face aux difficultés qu’il vit. Pour cette famille c’est le drame, mourir de suite d’un suicide en Afrique ne s’accepte pas : pas de pleurs, pas de regrets (ou alors pas exprimés),  pas  de morgue, pas de cérémonie du deuil ou funérailles, aucune émotion,  mais plutôt  on s’interroge sur la malédiction qui risque de suivre suite   à l’acte posé.

Là  où il s’est pendu,  on a creusé un trou assez profond ; quelqu’un s’est porté volontaire pour couper la corde qui le maintient encore au plafond  afin qu’il se retrouve au fond du creux qui allait être sa tombe.

Jim Jefferies, un  comédien australien a fait une remarque dans un de ses show, sur le taux élevé de suicides en Occident : « Nous avons en Occident un taux de suicide bien plus élevé qu’en Afrique. En Afrique, une personne sur quatre meurt du sida, cependant les Africains sont plus heureux que nous ».

Mais est-ce bien vrai ? Que savons-nous exactement du suicide en Afrique ?

J’aurais tendance à dire qu’on sait peu sur le suicide en Afrique, simplement parce qu’on ne parle pas de suicide dans cette contrée. « Le suicide n’existe pas » c’est un phénomène complètement stigmatisé.

Un tour sur Google permet de se rendre compte de la presque inexistence des statistiques à jour sur le suicide en Afrique. Ceci pourrait s’expliquer par le silence qui règne autour du phénomène dans des familles. Quelques informations disponibles à ce sujet proviennent des faits divers rapportés.


Contrairement à ce que l’on pense des gens se suicident de plus en plus en Afrique ; tant les villes que dans les villages. Les raisons sont assez inconnues. Certains laissent des messages pour tenter d’expliquer l’inexplicable.

Ainsi, le mal de vivre, les difficultés financières, des problèmes familiaux, des raisons de santé (notamment des malades de SIDA)  sont entre autres des raisons qui poussent certains à mettre un terme à la vie.

La malédiction et la sorcellerie sont des raisons toutes trouvées pour justifier l’inacceptable qu’est le suicide dans des familles. D’ailleurs c’est l’unique raison officiellement accepté et acceptable par des familles qui ont connu pareil drame. On préfère fuir la profondeur du problème et de trouver la raison réelle qui a conduit à pareil acte.

J’ai connu des jeunes qui se sont suicidés par peur de décevoir leur famille. Ces jeunes étaient l’espoir de toute une famille, face à l’échec et en anticipant la réaction des  parents ; ils ont préféré se dérober à la vie au lieu d’y faire face.

Le suicide en Afrique est un fait d’actualité qui se dévoile peu à peu et il serait peut etre temps de briser le silence qui l’entoure. Mais comment briser le silence si on ne comprend déjà pas de quoi il s’agit ?

Jim Jeffries pense qu’on est plus heureux en Afrique qu’en Occident. Personnellement je n’aime pas beaucoup comparer parce qu’en général, on compare pour avoir raison, pour justifier, mais pas pour forcément trouver la solution. La société occidentale est différemment structuré de la société africaine, aussi pour moi, il n’y a pas lieu de comparer.

L’individualisme en Occident tend à accroitre le taux de suicide. Or en Afrique les gens vivent en communauté, mais ceci tend à changer. Des gens  sont de plus en plus centrées sur elles mêmes (ma famille : ma femme, mes enfants) ; on a moins de temps pour autrui. On agit que si on a un intérêt, si on y gagne quelque chose. L’individualisme se construit doucement et surement; mais aussi se structure !

Ceux qui se suicident sans laisser de mots, sont ceux qui m’interpellent le plus. J’ai toujours l’impression qu’il y a une souffrance énorme, non communiqué, non décelé qui se cache et qui aurait pu ou dû l’être. Ceux qui écrivent des mots avant de se suicider, m’intéressent moins, parce que leur acte est réfléchi, ils ont pris le temps de penser l’acte, d’écrire à ce propos et de passer à l’acte. S’ils l’ont écrit alors ils auraient pu en parler (peut être qu’ils ont parlé et n’ont pas été  écoutés ?).

Le suicide est causé par la détérioration du milieu de vie, au niveau environnemental, familial et culturel. Il pourrait aller de  l’intention d’en finir avec l’existence au passage à l’acte. C’est un processus qui n’est pas aisé de détecter et pour de nombreuses familles l’étonnement vient se mêler au désarroi après que l’acte soit commis.

Même si des voix préfèrent se taire, et que des yeux se refusent à voir ; certains suicides renvoient directement à un échec du fonctionnement de nos sociétés, du modèle de développement et du fonctionnement même de la société ; du déclin de la fraternité et de la solidarité.

Des jeunes qui se suicident, les raisons trouvées sont les suivantes : mariages forcés, pression que subissent les homosexuels dans des sociétés où ce type de relation est interdite et pénalisée, viol, deuil, rupture amoureuse ; succession ; l’infertilité de l’homme et ou de la femme dans le mariage ; perte la virginité de la jeune fille avant le mariage ; la mort apparait souvent comme l’unique alternative face à la honte, face aux représailles pour ces cas.

Les éléments déclencheurs au suicide, s’ils ne sont pas forcément nombreux, il n’est pas toujours facile de les identifier si on ne s’intéresse pas à autrui, alors ne serait il pas bien de s’intéresser un peu plus autres ; à ceux qui nous entourent, de prendre soin des uns, des autres, de tout simplement remettre l’individu au centre des préoccupation ?  l’OMS a déjà pris les devant en instaurant une Journée Mondiale pour la Prévention du Suicide : le 1O Septembre.

Brisons le silence et agissons chacun  à son niveau ; intéressons nous ; prenons soin des uns et des autres. Parfois, le silence chez autrui pourrait traduire un mal être profond, qu’il prend soin de cacher jusqu’au jour où l’irréparable est commis; alors veille sur toi, mais aussi sur ton voisin !

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Disait Paul dans la Bible. Je reviendrai une autre fois en détail sur l’explication de  cette phrase à mon sens.

Il y a trois semaines je  dinais avec une connaissance et elle m’a  dit : si tu apprends que ton ami Ndoumbè est mort faut pas wanda…Il est très malade. Il est revenu des Etats-Unis et il est hospitalisé à la clinique Muna. L’ami en question vient de mourir…Je vais raconter l’histoire de cet ami.

La mort de ce jeune homme est un drame, drame pour sa famille, ses amis, ses camarades, ses  connaissances et pour des jeunes. C’était mon camarade de classe au primaire et une partie du secondaire. Il était un étudiant brillant, la résultante ne pouvait que lui offrir une excellente situation professionnelle dans une entreprise pétrolière de la place. Je ne m’attarde pas toujours sur le physique des hommes parce que c’est ce qu’ils ont dans leur tête qui m’intéresse. Mais aujourd’hui je vais m’attarder sur le physique de cet apollon. Il est beau, je vais en rajouter une couche : très beau, très soigné dans ses tenues, toujours un petit sourire en coin. Il répond complètement au critère de beauté de la plupart des femmes. Il avait une de ces voitures…Quelqu’un de sa stature était aussi une cible privilégiée des filles, l’inverse était aussi vrai.

La dernière fois que lui et moi avions passé du bon temps ensemble remonte à presqu’un an. Il pensait se marier et on en discutait. La clinique est à 5 min de marche de mon bureau. A ma pause de midi, j’y suis allée. Le temps était doux, il ne pleuvait pas. Je n’aime vraiment pas l’ambiance qui règne dans les hôpitaux, un frisson m’a traversé.  J’arrive à la porte, d’instinct j’ai prié. (I don’t know why). Quand je l’ai vu…Il avait changé, il était très amaigri, pâle, abattu, triste…Très différent du Ndoumbè que je connaissais. Fidèle à lui même, il était entrain de lire, ce qui lui  était interdit  par le médecin. Il devait se reposer au maximum. Obstiné, il n’en faisait qu’à sa tête.

Quand je suis entrée dans la chambre, il m’a regardé, détaillé et enfin s’est moqué de la couleur de mes cheveux et de  mon unique et seul maquillage d’ailleurs. Il a toujours trouvé que j’étais plus jolie  au naturel. Il a posé son livre, s’est excusé de ne pouvoir se lever. Un silence lourd…Ensuite il me demande comment je sais qu’il est ici. Ce n’est pas important lui dis je. Je suis là. Je n’osais pas lui demander ce qu’il avait, je trouvais étrange qu’il soit revenu des  USA  dans cet état…Je pensais à la grippe H1N1…On est resté là dans le silence, ça devenait lourd et je n’arrivais pas à me lever, ma pause était terminée depuis un bon moment déjà.  Je glisse : « C’est intéressant ce que tu lis là ». « Peut être ! C’est la seule chose qui va me manquer ; celle d’être papa » Dit il. Il était entrain  de lire un livre de poche qui traite de la psychologie des enfants de la naissance jusqu’à 6 ans. J’ajoute : « Tu as tout le temps ». «  Je vais mourir » . Je lui ai demandé pourquoi, il était si pessimiste, il va se remettre…Il ne m’écoutait déjà plus, il m’a juste prié de partir, qu’il était soudain très fatigué et ça se voyait. Mais avant de partir, il a ajouté quelque chose qui m’a laissé perplexe : « avec une maman comme toi, je sais que ton fils se porte bien, mais s’il te plait voudrais tu bien veiller sur ses fréquentations une fois adolescent ». J’ai souri et je suis sortie.  Il était vraiment dans un très mauvais état tant physique que psychologie.

Je suis allée déposée mon fils en ballade chez sa grand-mère ce matin et  sur la table, il y avait un programme de deuil négligemment posé sur la table. Je le prends, je m’écris, il est mort quand ? Cette semaine répond ma mère. On l’a enterré hier. Elle me raconte un peu l’ambiance de la veillée. Il se raconte tellement de choses autour de son décès…Vraiment au Cameroun on ne meurt jamais pour rien. Surtout qu’il n’a pas été malade longtemps racontent certains.

Ndoumbè est mort du SIDA. Il était séropositif. Dans le cadre de son travail, il se déplaçait beaucoup. Il avait un « working passport » qui lui donnait droit à des visas permanents sur de longue période. Il y a six mois, il devait se rendre dans un pays européen pour le boulot, de ce pays, il devait se rendre dans un autre ;  entre temps son visa d’entrée dans ce pays en question avait expiré. L’agent  à l’aéroport  le lui signifie et lui dit qu’on peut lui en donner un ici, mais qu’il va devoir remplir les conditions habituelles. Il accepte. Pendant qu’il attend qu’on confirme son droit de passage. On lui dit plutôt qu’il manque une pièce et qu’il va devoir retourner dans son pays pour l’avoir. Il ne comprend pas. Mais vous connaissez sans doute la froideur de ces agents d’immigration à l’aéroport. Très mécontent de cette « lourdeur administrative », il va devoir rentrer au pays récupérer cette pièce manquante. Il arrive à l’ambassade du pays en question ici qui lui dit que la pièce est déjà à son lieu de Service. Au bureau, on lui dit d’aller voir le médecin conseil de l’Entreprise. Il ne comprend pas. Le médecin  commence par avoir une attitude conciliante et enfin lui dit que son visa n’a pas été renouvelé à l’aéroport parce qu’il a un souci de santé et il ne pouvait de ce fait pas prendre l’avion. Il dit au médecin qu’il se sent très bien. Et le médecin lui assure que ça va continuer d’être le cas, il suffit juste qu’il commence sa prise en charge dès maintenant et qu’il ait une hygiène de vie correcte et une alimentation saine. Quand on va enfin lui dire ce qu’il a…C’est à ce moment là qu’il est mort !

Il n’a jamais pris un quelconque  remède, par contre, il va prendre 2 mois de congé. Il va aller hors du pays, et nul ne saura où il était. Il reviendra frileux et faible.  On va l’hospitaliser à l’hôpital général. Il va en sortir. Il va essayer de travailler trois mois comme si de rien n’était. Il va faire annuler son mariage sans raison.  Il ne faisait plus rien de groupe, il s’isolait au maximum. Son état de santé va rapidement se dégrader. Il va graduellement et progressivement perdre du poids ; il ne mangeait presque plus. Il va entrer en clinique où il mourra deux semaines et 3 jours plus tard.

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