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Désir : à quoi renvoie cette notion ?

Avez-vous constatez que lorsque le mot désir  est prononcé sans précision, on a tendance à l’ associer aux relations amoureuses… !

Le désir est une tendance consciente vers un objet jugé ou imaginé bon ; c’est-à-dire une source possible de satisfaction ou de plaisir. Si le désir s’achemine vers la satisfaction qu’il n’éprouve pas encore, est il donc une insatisfaction ? Le désir naît du choix de la cible d’une pulsion. Une pulsion sexuelle par exemple pourra trouver comme objet un partenaire  du sexe opposé, faisant de celui-ci l’objet du désir. Le désir nait ou grandit de la frustration créée par un obstacle réel ou psychologique entre la pulsion et l’objet choisi pour la satisfaire.

En lisant quelques écrits du philosophe Platon (E. Kant également a la même vision du désir que Platon), j’ai aussi découvert que pour lui, il y a désir parce qu’il y a manque, on désire ce qu’on n’a pas. Le désir serait donc  incomplétude et insatisfaction, souffrance d’une quête ardente. La satisfaction serait aussi ce en quoi le désir s’annule puisque tout désir, désire ne plus désirer et n’aspire qu’à ce qui le supprimerait. Platon conçoit le désir comme hanté par la mort, pour lui le désir c’est l’insatisfaction ou la mort ( ou la satisfaction) du dit désir.

La question qu’on est tenté de se poser est de savoir  si Platon a raison de penser que tout désir, parce qu’il  désire ne plus désirer, désire sa propre mort ? Si Platon pense ainsi, on est tenté de dire qu’il fusionne  la notion du désir à celle du besoin. Et pourtant ces notions sont assez distingues. J’aime beaucoup la langue de Shakespeare, c’est une langue qui est très précise et ne permet pas autant de quiproquo que la langue de Molière. En anglais ces notions renvoient à Need and Want.

On ne peut vivre sans satisfaire ses besoins qui sont nécessaires, mais on peut vivre sans satisfaire ses désirs. Le besoin a une origine biologique, c’est-à-dire naturelle. Ce qui fait que chaque espèce ; humaine ou animale ont les mêmes besoins : goods, clothes and shelter – se loger, se vêtir, se loger- (besoins primaires pour l’espèce humaine). Le désir par  contre a une origine psychologique  (actions marketing et commerciales) et ou culturelle ; ce qui fait qu’il pourrait être variable d’une personne à l’autre. Le désir serait donc l’expression de notre liberté. Le besoin s’annule donc dans sa satisfaction, tandis que le désir on n’est jamais sure de le satisfaire : exemple je désire qu’il y ait la paix dans le monde entier. Je désire cet inconnu dans le film que j’ai vu hier…Malgré la discontinuité entre le désir et le besoin, il faut quand même noter que ces notions interagissent assez souvent et se mélangent beaucoup, d’où la confusion : le désir semble s’inscrire dans le besoin.

André Comte-Sponville a écrit dans le « Dictionnaire du philosophe » ceci et c’est assez intéressant : « Très souvent, peut être le plus souvent, nous désirons en effet ce que nous  n’avons pas, ce qui nous manque.  Une définition qui n’est que souvent vraie est une définition fausse. Définir le désir comme manque n’est donc juste que si et seulement si, tout désir est manque. Or, il nous n’arrive très souvent de désirer ce qui ne manque pas : exemple la sexualité. J’ai grand peine à concevoir le désir sexuel comme un manque : c’est l’impuissant, la frigide ou le frustré qui manquent de quelque chose, pas les amants  comblés et dispos qui sont en train de faire l’amour ! Si vraiment nous ne pouvions désirer que ce que nous n’avons pas, notre vie sexuelle serait encore plus compliquée qu’elle n’est…Faire l’amour, c’est désirer l’homme ou la femme qui est là, qui ne manque pas, qui se donne, dont la présence (non l’absence ou le manque) nous comble. Mon expérience intime de la sexualité n’est pas du tout du coté du manque ! Ou bien il faudrait penser que ce qui manque ce n’est pas l’amant ou l’amante, mais l’orgasme …Quelle tristesse ! Si c’était vrai, la masturbation ferait aussi bien l’affaire… ». Il rajoute : « Et la définition du désir comme manque me parait fausse, puisqu’elle n’est vraie que souvent et qu’une bonne définition doit être vraie non pas souvent mais toujours.  Platon et Sartre ont donc tort et c’est heureux. Car si cette définition du désir comme manque était vraie, le désir nous vouerait à l’ennui et à l’insatisfaction. Si le désir est manque, je ne peux  en effet désirer que ce que je n’ai pas. Or qu’est ce que le bonheur ? Platon nous répond qu’être heureux, c’est avoir ce qu’on désire…Mais le désir est manque, on ne désire par définition  que ce qu’on n’a pas ; on n’a donc jamais ce qu’on désire, si bien qu’on n’est jamais heureux. C’est une expérience que nous faisons souvent. Tantôt je désire ce que je n’ai pas, et je souffre de ce manque, tantôt j’ai ce que dès lors je ne désire plus et je m’ennuie. Comme le dit Schopenhauer, en bon platonicien : «  Ainsi toute notre vie oscille comme un pendule de droite à gauche, de la souffrance à l’ennui ». Souffrance parce que je désire ce que n’ai pas et que je souffre de ce manque, ennui parce que j’ai ce que dès lors je ne désire plus…Si bien que nous avons une définition fausse puisqu’elle ne vaut pas tous les désirs. »

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