… Des filles, des femmes, sont libérées.
Ce jour, malgré un peu de fièvre, je zappe et re-zappe dans l’espoir de tomber sur une émission qui en parle. Et bien, rien. Je constate que c’est une « actualité » qui ne fait vraiment pas le Buzz, même sur la toile et pourtant ça devrait, car elle nous concerne tous. Vous vous demandez surement de quoi je parle … Pas d’impatience j’y arrive.
J’ai une grande cousine qui a bien failli connaitre sa fin du monde prématurément. Et pourquoi ? Parce qu’elle a voulu mettre un terme à une grossesse de 5 mois pour ne pas avoir de problèmes avec son mari. Ça fait deux ans qu’ils sont mariés et ont 4 enfants. Sauf que sur un coup de tête ou pour des raisons que j’ignore, il a décidé que sa femme doit mettre un terme à la grossesse. Dès le début de la grossesse, elle était persuadée d’arriver à le faire entendre raison, mais l’inexécution à l’ordre de son mari va mettre l’huile au feu et leur relation va en souffrir, au point où, au 5ème mois, elle décide finalement de mettre un terme à la grossesse pour la « paix » du foyer.
Le 25 novembre dernier, c’est la date choisie par les Nations unies pour célébrer la journée internationale pour l’élimination de la violence contre les femmes. Au Cameroun, les femmes ont joué à fond leur rôle de victime…
La violence, que vous inspire ce mot ? Moi il m’inspire les coups, la brutalité, la répression, la contrainte, la frénésie, la fureur, le déchainement, la force, le viol, la virulence, l’agressivité, l’excès…
Mon opinion sur le sujet est mitigée d’une part parce que c’est ce type de journée qui selon moi contribue à creuser le fossé dans la pensée populaire des hommes et des femmes : la femme est le sexe faible qu’il faut protéger, d’ailleurs ce genre de journées sont créés pour défendre les droits des faibles, qui ne sont rien d’autres que les femmes, les enfants… Et pourtant il y a bien des femmes qui malmènent des hommes et des femmes violentent d’autres femmes ; pire des enfants qui malmènent leur parent. D’autre part, malgré les multiples débats sur l’égalité des hommes, la réalité est que dans bien de sociétés, les femmes sont et resteront toujours sous la coupe des hommes : si ce n’est pas un père, c’est un mari, ou alors un frère ; qui lorsqu’il a envie de faire passer sa « loi » n’hésite à contraindre…
Si des femmes et des enfants violentent, il semble que les hommes soient ceux qui détiennent la palme en matière de violence notamment physique. Ils n’hésitent pas à faire passer leurs lois au travers des coups de poing et des gifles bien résonnantes. Le nombre de femmes ayant trouvé la mort suite à des disputes ménagères est inquiétant… Cette situation n’inquiète pas un grand nombre plus que ça, rien n’est fait ou exécuté. Nous sommes bien là, dans une société patriarcal. D’ailleurs c’est souvent la faute de la femme qui ne sait pas tenir ou obéir à son mari.
Je suis tout à fait d’accord avec West quand il dit que La société a ses tords dans les valeurs morales qu’elle transmet et dans lesquelles elle enracine l’éducation sexuelles des jeunes générations à travers le média de masse. J’invite bien à lire son billet à ce propos : Wondered Woman …
L’éducation que nous recevons de nos parents et que nous donnons à nos enfants est celle de la différenciation des sexes dès le bas âge : la fille joue à la poupée (histoire de se préparer à être mère elle-même demain), elles font les taches ménagères et les garçons font du sport. S’il est toléré qu’une fille se plaigne et pleure tout le temps, cela n’est pas acceptable pour un garçon. Un garçon ça ne pleure pas, il est fort, d’ailleurs montrer ses sentiments est un signe de faiblesse, donc zone interdit… Une fille doit manger moins qu’un homme car la nourriture la fera grossir… Or lui en a besoin pour être fort.
Très tôt, les filles portent leur manteau de victime et les garçons celui de protecteur, c’est-à-dire celui qui doit avoir le dessus sur elle. Certaines vont réussir à se défaire de ce manteau à l’âge adulte et les autres resteront des victimes.
Je ne vais pas tenir un discours de féministe, je ne le suis pas. Il m’arrive de pleurer et je ne déteste pas l’idée d’être « protégé » et rassuré par un homme. De me faire belle pour plaire … à un homme ; de me soumettre à lui, n’en demeure pas moins que j’exige de lui autant de respect et de considération, car s’il est plus fort physiquement que moi et mon chef, nous sommes égaux devant la loi.
J’ai bien aimé lire la série d’articles sur l’égalité écrit par Mebene : « Les hommes naissent libres et égaux. C’est ce que dit la charte des droits de l’homme. Mais quelle signification exacte donner à cette expression ? N’existe-t-il pas des hommes riches et des autres pauvres ? N’existe-t-il pas des hommes grands et des hommes petits ? Des femmes belles et des femmes laides ? Des hommes (plus forts physiquement) et des femmes ? Comment peut-on dire que toutes ces personnes sont égales ?… »
Les acteurs et les victimes de la violence le sont donc à cause de leur éducation ou des ratés de celle-ci. Une fille douce et forte c’est possible et un garçon fort et attentionné aussi.
Si les violences professionnelles sont mieux dénoncées que par le passé, les violences domestiques quant elles restent le grand tabou chez nous en Afrique. Des enfants sont violentés et roués de coups sous le pseudonyme de l’éducation sans que personne ne disent rien.
Scénario observé en silence et ou en larmes par la mère impuissante ou se disant : c’est surement pour leur bien. Des épouses subissant en silence les sévices psychologiques et physiques d’un mari en quête de personnalité. Des hommes n’osant pas parler des violences venant d’une femme au coup de poing d’acier.
Notre société africaine est aussi faite de nombreux tabous, dont on peine à parler quand on est concerné à cause de la peur, la honte, la douleur. Tout reste sous silence et malheureusement ce silence contribue à arroser ces tabous qui ne nous arrangent pas.
En 2009, le Comité des Nations Unies pour l’élimination de la discrimination faite aux femmes avait demandé au Cameroun d’accélérer l’adoption du projet de loi sur la prévention et la répression de la violence à l’égard des femmes et la discrimination fondée sur le sexe et à s’attacher en priorité à lutter contre la violence à l’égard des femmes et des filles, en particulier la violence familiale. Il demandait à l’État de sensibiliser la population, au moyen de programmes d’information et d’éducation, au fait que toute forme de violence à l’égard des femmes constitue une discrimination au titre de la Convention et donc une violation des droits fondamentaux des femmes.
Il avait, en outre, souhaiter à ce que la violence à l’égard des femmes et des filles, y compris la violence familiale, le viol conjugal et toutes les formes de sévices sexuels, soient érigées en infractions pénales, que les auteurs soient poursuivis et punis et les victimes réhabilitées et que les femmes et les filles victimes de violence aient immédiatement accès à des moyens de recours et de protection. Enfin, le Comité demandait que tous les obstacles qui empêchent les femmes et les filles d’avoir accès à la justice soient levés et que les victimes de violence puissent bénéficier d’une aide juridique, notamment grâce à la mise en place de centres d’aide juridique en milieu rural, tout en insistant qu’une formation à l’intention du personnel judiciaire et des fonctionnaires, notamment les agents de la force publique, les prestataires de services de santé et les agents de développement communautaire soit organisée, « afin qu’ils soient sensibilisés à toutes les formes de violence à l’égard des femmes et des filles et qu’ils puissent apporter aux victimes l’aide appropriée ».
Des organisations humanitaires Internationales ont uni leur force pour que cet événement constitue l’occasion d’attirer l’attention de l’opinion publique sur les violences perpétrées quotidiennement à l’encontre des femmes, mais cela semble se noyer au profit de la très célèbre journée du 8 mars (journée internationale de la femme).
Cette journée est donc passée sous silence sous le ciel Camerounais et n’a capté l’attention ni de la société et encore moins des femmes; laissant ainsi des actions faites se recouvrir doucement de poussières. Ce qui est dommage, car la violence ne recule pas plutôt, elle gagne du terrain. A défaut d’agir, soutenons ce combat en encourageant des victimes à la dénonciation publique, juridique.
La violence n’est pas que l’apanage des hommes…Cette vidéo est assez parlante
Le Programme d’action adopté à Beijing en 1995, lors de la quatrième Conférence mondiale sur les femmes a identifié la violence à l’égard des femmes, comme un des 12 domaines critiques requérant une attention particulière de la part des gouvernements, de la communauté internationale et de la société civile.
Bravo Cerise pour l’article…
Je savais que tu nous cracherais un truc de qualité 😉
Sinon pour la question d’égalité, je pense que le Wandayeur a tout dit… et quand bien même nous serions égaux, il faut surtout apprendre à chaque sexe quel rôle il doit savoir jouer pour qu’ensemble ils sachent construire des projets viables et durables, sans qu’il soit question de machisme ou de féminisme. C’est dans l’intérêt de tous qu’il y ait un ordre égalitaire en terme de droit, et équilibré sur le plan social/sociétal.
West
🙂 Merci West pour la confiance !
« Les acteurs et les victimes de la violence le sont donc à cause de leur éducation ou des ratés de celle-ci. Une fille douce et forte c’est possible et un garçon fort et attentionné aussi ». Waooooouh tout ce joue dès le départ. ya quelqu un qui disait que la famille était le premier maillon de socialisation pour un enfant!!!!!!! à lire ceci je reconfirme . »Que le Seigneur me face la grâce de ne pas rater cette phase de l éducation de mon(mes) « enfant(s) »
Coucou Liliane,
C’est vrai que les bases de l’éducation des enfants c’est dans l’enfance qu’ils acquiert l’essentiel, mais TOUT ne se joue pas qu’à ce moment là. Il est possible de rattraper des choses même après. Il te fera grâce, surtout si tu les élèves dans la crainte du Seigneur.
Bisous ma Liliane et bon début de semaine.
Journée passée sous silence, dis-tu ?
je ne crois plus à toutes ces fariboles, à tous ces comités…tu parles de l’Afrique, mais il y a 2 soirs, notre ministre de l’intérieur, Manuel Valls, a dit (entre autres…) « 3 femmes meurent chaque jour, sous les coups de leur conjoint…en FRANCE ». personne ne se sent concerné, tout le monde écoute « intensément » surtout lorsque la caméra va de leur côté, ais apparemment, ça ne fait pas tilt! si chez nous, c’est 3 femmes par jour, c’est combien en Afrique ? non, Cherry, tous ces comités sont là pour blablater mais à part ramasser la mise pour des rapports, tout le monde s’en fout !
d’autre part, j’ai vécu la violence, le viol, j’en connais un rayon dans ce domaine. je suis du genre à agir dans l’instant pour protéger quelqu’un au péril de ma vie, mais sûrement pas me lancer dans des associations…
Comme je l’ai dit au « médiateur » des HLM, « monsieur, je ne porte plainte contre personne, j’ouvre ma gueule quand il le faut, je mets les points sur les i et je tourne la page »…solution beaucoup moins agressive finalement que de s’emmerder avec le système …
je suis de tout coeur avec toi dans ton soutien à ce combat, même si j’ai une approche beaucoup plus « directe », l’expérience et l’âge me le permettant-et même si on ne me le permet pas, je le fais quand même..
bisous brumeux de la France, partie ouest….
Merci Créolie pour ce témoignage ! Je savais que tu es une personne forte, mais j’étais loin de me douter à quel point. Je t’admire pour ta force de caractère face aux épreuves vécues.
La femme est-elle l’égale de l’homme NON. L’homme est-il l’égale de la femme NON. L’homme a-t-il ou doit-t-il avoir les mêmes droits que la femme OUI. La femme a-t-elle ou doit elle avoir les mêmes droits que l’homme ? OUI. N’en déplaise ….On n’égalise pas les fourchettes et les cuillères.
Wandaman.